Bienvenue
dans
la vie
d’un
quartier
du quartier de la Vierge
Noire à Morlaix
Ma rencontre avec les
habitants du quartier de la Vierge Noire s’est faite par le biais
du Centre Social Carré d’As. Invitée par l’association des
Moyens du Bord à faire un projet de petite édition sur le quartier,
avec les habitants, je suis venue sur une semaine pour réaliser ce
projet.
Le défi était de faire
le livre ensemble, et sur le temps imparti.
On a commencé à 6, puis
on était 7, 8, 10… et on a vu notre ouvrage avancer au fil des
jours, à mesure que les petits bouts de papier tombaient au sol et
donnaient à notre pièce de travail un air de salle des fêtes après
le carnaval, jonchée de confettis.
Passer une semaine avec ce
groupe d’habitantes (toutes des femmes) à penser, à fabriquer ce
livre c’était profiter de l’entraide joyeuse qui existe entre
elles, mettre en jeu les talents de chacune pour faire. Faire de ses
mains, avec toutes les petites différences qui font de cette série
de livres des multiples où chacun est particulier, voire
personnalisé.
Un
jour, à la recherche d’un motif, l’une d’entre elles s’est
mise à tracer simplement le contour de sa main.
On a réalisé alors
combien elles étaient précieuses, ces mains qui procurent la
satisfaction de réaliser un objet comme celui-ci.
On a gardé ce motif pour
le livre et d’un coup, en regardant le plan du quartier, les rues
représentées nous sont apparues comme un réseau de veines et de
lignes semblables à celles que nous portons au creux de la main.
Parce qu’on porte tous en nous un peu de notre village et que ces
choses sont souvent invisibles pour celui qui ne fait que passer.
Voici
donc, en images et en mots quelques impressions du quartier. Pour
vous inviter à vous y attarder un peu, en bonne compagnie…
« Nous
prenons le bus pour aller au gré
de nos
besoins, de nos envies,
comme nous
emmener à notre arrêt préféré
Parmi
celles qui ont participé à ce livre, la plupart viennent très
régulièrement au centre social. Mais pour chacune, il y a eu une
première fois, un premier atelier, un premier café…
Certaines sont venues
facilement, déjà familiarisées avec l’ambiance d’un autre
centre social, mais pour d’autres c’était moins évident.
Comme le disait l’une
d’entre elles, « pousser la porte d’un centre social, c’est
pas toujours facile… ». D’autant qu’on est souvent amené
à le faire à des moments souvent difficiles. Parfois les accidents
de la vie poussent aussi à aller vers les autres, à se dépasser.
C’est
le bouche à oreille, la curiosité qui permet souvent de dépasser
ses appréhensions. Pour Monique, c’était la pancarte « échanges
de savoirs » qui lui a donné envie d’entrer. Une fois la
porte passée, les peurs disparaissent. Comme le dit Béatrice,
« J’ai été bien reçue donc je ne suis pas partie en
courant, c’était vraiment « porte- ouverte » tout le
monde était bienvenu. »
Le rituel de ceux qui
fréquentent Carré d’As c’est le café du matin (ou thé !).
On papote avec ceux qui sont là, on lit le journal.
On démarre la journée
entouré de visages familiers.
L’automne est
bien là et les habitantes sont allées il y a quelques jours
ramasser des châtaignes sous les arbres du quartier.
A Morlaix, le rond-point
de la Vierge Noire est un repère.
Situé en sortie de ville,
au bord de la voie express il voit passer un grand nombre de voitures
tous les jours. La seule boulangerie du quartier se trouve de l’autre
côté du rond-point, il faut donc le traverser si on veut aller
chercher son pain à pied, non sans danger.
Juchée sur le rond-point,
sous un petit autel, une vierge noire regarde ce défilé de
voitures. A son sujet on raconte qu’elle n’a pas toujours été
noire. Elle se serait oxydée suite à un bombardement pendant la
guerre jusqu’à devenir toute noire. L’Histoire s’invite jusque
dans les petits détails.
Et c’est ce
qui saute aux yeux quand on marche un peu dans la quartier, la
présence des arbres, partout… comme pour contrebalancer la
proximité de la voie express, leur présence, les feuilles qui
bruissent sous nos pas. Certains arbres sont là depuis longtemps,
ils nous rappellent qu’il n’y a pas si longtemps tel terrain
occupé par une grande enseigne était un champ.
Les habitantes
entretiennent une parcelle dans un jardin collé à la voie rapide où
les légumes, les fleurs semblent défier tout le goudron
environnant.
Merci à Annie, Béatrice, Bernadette, Delphine, Elvire, Marie-Annick, Martine-Martinus et
Martine V., Monique et Sabrina pour leur belle participation à ce livre...